Writing in the rain




La pluie nous a surpris alors que nous jouions easy rider en scooter dans l'arrière pays thaïlandais.
Réfugiés sous le toit en palmes d'un bistrot fermé pour cause de manque d'affluence à la source d'eau chaude qui est sa raison d'être, nous procédons à deux petits tirages.
Les textes qui en sont issus exhalant un parfum étonnamment proche, avons choisi de les publier ensemble.




3 – Libre – Animal – Automatique
Bzzz, bzzz, bzzz,
moustique je pique, je saigne, je vampirise ton sang pour nourrir mes enfants et les petits
poissons et les gros et les aigles et tu seras un aigle aussi grâce à moi.
Alfred

Il me chasse de sa grande main, je m’échappe. Quand il ne pensera plus
à moi, persuadé que son huile à la citronnelle le protège, je le
piquerai à la base du cou, je lui sucerai le sang, pauvre homme.
Catherine


14 – Je - Minéral – Mode d’emploi/recette
J’ai mis 10075 ans à me détacher de ma roche mère
3927 ans pour lâcher ma sœur au cœur de granit
2742 pour me fendre en deux et gagner en légèreté
Là, j’ai pu commencer à rouler, dégringoler, l’aventure commençait, la
Terre-Mère allait me révéler ses secrets
J’ai patienté 75 ans dans les racines d’un chêne qui m’enserra jusqu’à
me faire éclater en mille morceaux
J’étais libre et la pluie me guida jusqu’à la rivière. J’ai adoré
cette partie de ma vie où je roulais au gré du courant. Parfois, un
groupe de pierres me retenait quelques années, mais j’étais devenue
toute petite, alors un jour, une nuit, je m’échappais.
Un matin, l’eau changea de goût et je fus soulevée par une immense
vague qui me projeta sur cette plage de Thaïlande où un enfant brun
aux yeux sombres me cacha au fond de son slip de bain.
Que vais-je devenir maintenant ?
Catherine










J’ai été introduit par effraction dans cette chair molle.
Dès lors, impossible de m’en déloger.
Nulle supplique, nulle prière, rien ne me fait quitter ma place.
Elle doit composer avec ma présence, m’absorber ou bien m’enrober, adoucir mes aspérités qui la blessent.
Avec le temps, elle finit par m’envelopper d’une substance dure et lisse, brillante comme la pleine lune.
J’en suis le cœur, le germe, la raison d’être.
Jour après jour, mois après mois, la taille de mon vêtement nacré s’arrondit.
Jusqu’au jour tant attendu où une main humaine vient me reprendre.
Exactement là où elle m’a semé.
Moi, le grain de sable devenu perle.

Alfred

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