Corps accord 2
Atelier du 21/02/2012
ÉCRITURE BAROQUE (and roll)
1/ Texte baroque écrit
au présent. Rencontre entre vos entrailles, un cercle, un carré et un triangle.
Je
n’ai pas une tête au carré. Carrément pas. La grosse tête peut-être, la tête
dans le cul souvent. Mais pas au carré. Carrément jamais. Ne me regardez pas
avec ces yeux ronds ou bien je vais finir par vous avoir dans le nez.
J’ai
la tête bien faite, posée au sommet. Pas au sommet du triangle, au sommet du
corps, au plus près du ciel, comme un soleil. J’ouvre les yeux, il fait
jour ; je les ferme et c’est la nuit.
J’ai
le corps bronzé comme un carré de chocolat. Surtout quand je garde les yeux
longtemps ouverts. Ma tête ronde éclaire mes épaules carrées pour pas un rond.
J’ai
le tronc anguleux, solide sur ses bases. À l’intérieur, chaque chose a sa place
et chaque place se sent toute chose. Les viscères serrent les boulons à la tête
carrée, au son des organes bien organisés.
Mon
tronc est tellement carré que sa base se confond avec celle du triangle isocèle
qui recèle mon pubis, ma vessie d’airain et mon appendice à percussion, mon
piston à coulisse qui cherche la troisième dimension.
Comme
vous voyez, j’ai l’anatomie géométrique, une trique de géomètre et je garde la
tête bien vissée sur les épaules.
2/ Imaginer les
conversations entre les entrailles, os, viscères et les pensées envolées du
moment. Duos, trios, … ça cause.
- C’est ça, casse toi pauv’ conne ! Tu te prends pour
qui ? T’es pas sortie de la cuisse de Jupiter, tout juste d’un cerveau
Alzheimer.
- Mais c’est injuste ! J’ai le droit de vivre ma vie.
Je suis légère et je m’envole comme toutes les pensées. Si vous saviez comme
j’aimerais parfois être aussi utile, aussi indispensable et vitale que vous,
les organes.
- Ouais, tu dis ça pour nous amadouer mais je suis sûr que
tu nous prends de haut et qu’à la moindre occasion tu t’en iras papillonner.
- J’aimerais tant être entendue et comprise. Bien sûr,
parfois on me dit que j’ai du poids ou bien que je porte mais je sais bien que
je suis futile et la plupart du temps sans importance. La preuve, je vois bien
tous les efforts que vous faites pour me faire taire sous prétexte que c’est
moi qui empêche le Nirvana. C’est bien le signe qu’on ne m’aime pas…
- Ma foi, c’est pas faux. Les pensées, ça vous met la rate
au court-bouillon, ça vous fait faire de la bile jusqu’au haut-le-cœur.
- Oui mais moi, une seule d’entre-elles me met en émoi et me
fait me redresser tel le cyclope au casque luisant. Les pensées qui volètent me
rendent volage et je m’y connais en Nirvana.
- Faut reconnaître, certaines font battre le cœur et
d’autres sont à couper le souffle
- Sans oublier celles qui font chier !
- Si vous saviez comme c’est frustrant de naître ou
d’échouer dans un esprit paresseux. On se sent déformée, ou bien mal foutue,
avortée ou incomprise. Heureusement que parfois nous germons comme une perle
dans un cerveau qui nous peaufine, nous cajole, nous laisse le temps de
grandir, de nous épanouir puis nous partage en nous disant, nous écrivant, nous
chantant même… Nous ne sommes pas toutes égales face aux hommes. Un jour,
peut-être, aurons-nous toutes les mêmes chances ?
- Ben moi, j’ai vécu deux fois parce que j’a été greffé.
C’est quand même plus fort que n’importe quelle idée, non ?
- C’est pas plutôt un coup à devenir schizophrène ?
- En attendant, une idée peut naître au même moment à
plusieurs endroits différents. Moi j’appelle ça de l’ubiquité !
- Oh moi, depuis que j’ai entendu dire qu’on pouvait mourir
pour des idées, je me demande si penser ne serait pas une maladie, alors dans
le doute je préfère éviter.
- Je crois aussi que ça vaut mieux pour tout le monde !
On a malheureusement vu les dégâts causés par les hommes qui pensent avec leur
bite.
- Viens le dire ici, connasse ! je te crache
dessus ! Je te pisse à la raie !
- Du calme ! Du calme ! Vite, apportez une pensée
lénifiante, la paix, le sommeil ou bien quelque chose à ruminer, une feuille
d’impôts spécial débandade ou des affiches électorales, c’est radical !
- Et toi, on ne t’a pas entendu, qu’en penses-tu ?
- Prout ! répondit le trou du cul
Alfred
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