corps accords 5
Texte 1 :
Jaki le petit triangle vit sur la pointe d’un nez. Il vient
de fêter ses cinq ans. Son jeu préféré : attrapper un poil de nez, s’y
suspendre comme à une balançoire et sauter, d’une narine à l’autre. La famille
triangle vit depuis toujours au bord
du nez. Maman triangle y cuisine de délicieuses crottes de nez tandis que papa
triangle passe la tondeuse dans le jardin-poils de nez. Pierre, le cadet des
triangles, vient de fêter ses 17 ans. Il a décidé, lui, de partir au bord du
gros orteil. Là-bas, dit-on, il existe une tribu, une tribu où rien n’est
interdit et d’où, paraît-il, on peut toucher la terre ferme. C’est la tribu des
carrés. Seulement, Pierre doit traverser le passage des entrailles. C’est un
terrible passage, noir et dangeureux, duquel on est peu sur de revenir.
Pierre se rend au cercle du voyage et ensemble, le triangle
sur le cercle, ils s’aventurent dans le passage des entrailles. Pierre tombe du
cercle, s’accroche au gros colon,
nage dans les entrailles jusqu’à ce qu’un nouveau cercle apparaisse.
- « C’est
l’oncle Bilique ! » reconnaît Pierre.
- « Oncle
Bilique, emmène moi au bout du monde, le monde d’en bas, celui où vit la tribu
des carrés, s’il te plaît... » supplie Pierre
- « Il
te faut retrouver ton cercle petit triangle. Va, je t’accompagne par la pensée,
les vents te seront favorables. »
Pierre continue son chemin et apperçoit son cercle, accroché au mât de l’esto. Il le rate
en sautant.
- « C’était
jute un test, hein ? » lui lance le cercle bienheureux de le
retrouver.
- « Oui,
allez, vient vite, je vois les entrailles qui s’ouvrent par là-bas, sortons et
filons ! »
Texte 2 :
Sensations Corporelles. Sensations Coeur pour Elle. Je bats,
je cogne, parfois même je m’emballe. Et c’est pour Elle. Oui, Elle : Elle mon
tout, Elle mon toit, Elle qui vit tout, tout autour de moi.
- « Tu
m’entends là, quand je bats, dis, toi pour qui je bats, tu
m’entends ? »
- « Si
je t’entends ? Ah ça oui je t’entends le Coeur. Et je le sais bien, va,
que tu me veux rien qu’à toi, moi, la Peau. Tu es jaloux, tu es entêté, enragé,
tu me fais vibrer et tu me fais suer. Souvent même, je voudrais me libérer de
toi. Jamais tu entends, jamais je ne serai à toi le Coeur. Ma liberté, ma
destinée, ma place est ailleurs. Entends ça le Coeur. »
- « Nous
aussi nous la caressons, nous l’aimons et jamais pour autant nous ne
l’aurons ! Tu sais bien Coeur, que la Peau est plus libre que nous,
qu’elle seule a connu l’Air. Nous les doigts, nous lui offrons son eau, sa
crème, sa joie, et c’est à peine si elle nous regarde. »
- «
Insolents ! Ingrats ! Je vous unis, je vous nourris et vous me tirez
à vous, comme des enfants. Sans doute aurait-il fallu, un jour, que vous
fassiez un tour, hors de moi, pour comprendre vous aussi, qu’il n’y a pas que
vous, ni que moi. Comprenez mes amis que d’où je vous nourris, c’est un monde
en soi. Vous ne pouvez même pas l’imaginez. »
- « Vous
ne pouvez même pas l’imaginez. Tu me fais marrer toi Peau. J’en ai
entendu parler de ton monde. Et je sais bien, moi, qu’il n’a pas la beauté de
nos entrailles, la puissance de nos côtes, la jouissance de nos viscères, le
fluide de nos eaux, la chaleur de nos veines, le rythme du sang, la magie du
conscient, la source du coude, l’espace vital, riche et infinni, dans lequel je
suis née moi, petite Hanche. Je ne veux plus parler avec toi Mère Peau, je
préfère discuter avec ma soeur jumelle ! »
- « Allons,
allons mes amis, vous n’avez toujours pas compris. Moi le Sacrum, en vérité, je
vous le dis, et combien de fois vous l’ai-je dis ? Que par mon sacrement,
vos discours, vos paroles, vos regards, vos deux mondes, votre matière, la
leur, la notre, LA Matière, est en réalité là même partout, la même pour tous. Nos
viscères ne sont pas plus que le soleil, ni le soleil plus que nos entrailles.
Croyez moi quand je vous dis que vous, eux et moi, nous ne faisons qu’un.... foi de
Sacrum ! »
Solenn
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