Jour 8 •




Jour 8 • 
Accéder à la perception vraie des choses en laissant venir une petite légende imaginée au cours de la 8ème journée

Un jour, une femme s’engagea sur la route qui va vers l’ouest. Avant de partir, sa famille, ses voisins, ses amis étaient venus la saluer, lui souhaiter bonne route. Ils essayèrent tous de savoir pourquoi elle partait. Au moment où elle allait entamer ses premiers pas, elle se retourna et murmura d’une voix claire et interrogative : “ Peut-être parce que la barrière est sans porte.”
Elle marcha jusqu’au coucher du soleil en se concentrant sur les ornières pleines des pluies diluviennes des jours derniers, son bâton sondait la sol glissant, parfois elle s’arrêtait pour lever le nez au ciel en remerciant le soleil éclatant de cette journée plus tout à fait comme les autres. La nuit l’accueillit devant l’abri des chasseurs, elle y dormit bien. Au jour suivant, le brouillard était épais, sans hésiter, à pas lents, elle suivit le chemin, tâtonnant avec son bâton les herbes folles sur les bas côtés. Elle avança lentement, très lentement, écartant à grands cris les fantômes, les branches basses. Elle sursauta, frissonna et finit sa journée en chantonnant pour ne pas s’arrêter là et pleurer. Elle s’arrêta près d’un lavoir au toit de tuiles, elle mangea peu espérant trouver bien vite le sommeil mais des barrières flottantes, buissonnantes, grillagées, lui apparaissaient à chaque fois qu’elle fermait les yeux. Elle eut peur toute la nuit et ne s’endormit qu’à l’apparition de la première étoile dans le ciel. Au matin du troisième jour, le vent soufflait de l’est la forçant à avancer tête baissée, épaules en avant. Elle se retourna plusieurs fois pour s’offrir quelques repos et remplir ses yeux des collines familières. Sa nuit au pied d’un tilleul fut douce et reposante. Soleil et pluie avaient choisi de faire la paire pour l’accompagner lors du cinquième jour. Elle découvrit le pays des éleveurs de vaches où chaque pré était clôturé sans qu’aucun ne manque de porte. Au soir, elle se souvint de son ultime phrase et se demanda d’où elle lui était venue. Elle s’endormit en se remémorant le chemin. À l’aube du sixième jour, le chemin s’arrêta devant un grand fleuve infranchissable, elle prit à gauche jusqu’à midi et ne vit aucun pont à droite à la nuit tombée. Elle avait beaucoup marché ce jour-là mais pas beaucoup avancé. Elle fut tentée par la colère en allumant un feu au creux d’une clairière mais les bruits de la forêt lui parurent immédiatement plus menaçant alors elle s’est enfuie dans le sommeil pour trompé son humeur menaçante. Le septième jour, elle continua à droite avant de découvrir une enfilade de maisons qui menait vers une ville fortifiée où elle apprit l’existence d’un bac. Elle arriva trop tard et se réfugia sous la grande halle pour dormir en compagnie des premiers marchands arrivés pour le marché du lendemain. Elle avait perdu l’habitude des hommes et s’isola du mieux qu’elle put. Au huitième jour, elle passa le fleuve et avança vers l’ouest à vive allure, elle marcha toute la nuit guidée par la lune pleine et la voie lactée. Au neuvième, elle arriva au rendez-vous, s’inclina devant sa vieille amie, lui conta son chemin et lui confia son désarroi devant sa dernière phrase mais les médecins l’invitèrent à ne pas abuser des dernières forces de son amie. Alors elle lui adressa un clin d’œil et lui glissa : “ tu me diras.”, la vieille sourit et promit avant de mourir. Au douzième jour après l’enterrement, elle reprit sa route, changée à jamais, elle était maintenant sûre que quelque soit la barrière, une porte s’ouvrirait. C'est ainsi que naquit une lignée de femmes libres et sereines.

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