Angèle

Portrait de femme - Julio Romero de Torres (1874-1930)


Angèle était une fleur du bitume jusqu’à l’année dernière. Parachutée en pleine campagne, elle s’est métamorphosée en aventurière devant cette nature qui bouge autour d’elle. Ici, tout est neuf, elle n’y connaît rien. Elle, elle sait les bruits du métro, des rues, elle a du flair pour détecter un mec pas clair, elle a des yeux dans le dos, mais quand elle part en forêt munie de sa machette et de son chien, ses yeux dans le dos ne lui offrent que des visions de bêtes féroces. 
Elle était bien dans le métro, tapie, mi-méditante, elle observait le monde depuis sa bulle soigneusement entretenue. Ici, sa tactique est en toc. Sa bulle éclate à la moindre épine, elle se retrouve nue, obligée d'appartenir, de dealer avec les orties, les broussailles, les arbres couchés. Elle revient de ses expéditions griffée, palpitante et impatiente de raconter son aventure à son mâle responsable de son exil. 
Elle l’avait maintenu en captivité citadine pendant 7 ans mais quand son boulot l’a lâché, quand son ventre a fait des siennes, elle a accepté mi-figue mi-raisin l’héritage de l’oncle. 
Chez le notaire, ses yeux éclataient de mille joies, l’oncle Paul lui avait légué cette maison au charme vétuste, nichée à mi-pente douce entre prés et bois, plus cliché, c’est pas possible. Une maison et 9 hectares de terre, une surface inimaginable.

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